La colère est une émotion naturelle et nécessaire qu’il est important de ressentir de temps en temps car elle nous sert de signal lorsque quelque chose ne va pas. C’est un signal d’alarme essentiel au développement affectif et social de l’enfant. A travers elle, l’enfant se confronte au monde qui l’entoure et apprend à s’y adapter.

Les enfants n’ont pas la même façon que les adultes de réagir aux émotions car leur cerveau n’en n’a pas encore la capacité. En effet, durant toute l’enfance mais aussi l’adolescence, le cerveau de l’enfant est en construction

A la base du cerveau, l’amygdale est une zone particulièrement concernée par les émotions : c’est dans cette zone que le déclenchement émotionnel a lieu. Cette base du cerveau étant encore immature, elle se construit de manière progressive dans l’enfance

Chez l’enfant, la zone située dans le cerveau préfrontal et qui a pour fonction de contrôler les impulsions étant immature, il peut céder plus rapidement à ses pulsions. Il perçoit alors les émotions de manière très intense, comme une vague qui le submerge et face à laquelle il ne peut rien faire. Etant prisonnier de l’immédiateté de sa réponse émotionnelle, cela peut ainsi donner naissance à des réactions émotionnelles qui peuvent sembler disproportionnées pour l’adulte, par rapport à la situation réelle.

Cette colère s’accompagne de changements au niveau physiologique et biologique : accélération des battements du cœur, modification du rythme de la respiration, sensation de chaud qui se fait ressentir dans le corps, le taux d’adrénaline augmente…

Plusieurs raisons sont à l’origine de la colère (irritation, exaspération, se sentir incompris, honte de ne pas être à la hauteur, peur…) et celle-ci ne s’exprime pas toujours de la même manière. En voici quelques exemples (non réducteurs) :

  • Nourrisson

Le nourrisson pleure pour signaler une gêne ou un besoin immédiat exigeant une intervention, tels que la faim, le besoin d’être pris, porté, changé de position… Les pleurs permettent également de relâcher un stress émotionnel ou physique (lorsqu’on lui enlève un jouet par exemple).

  • 1 – 2 ans

A cet âge, nous observons l’émergence de la connaissance de soi. L’enfant va être progressivement capable de faire la différence entre lui et autrui. Il est tiraillé entre deux désirs contradictoires : la dépendance et le désir de faire seul.

Il peut alors présenter une irritabilité due aux contraintes et aux limites imposées malgré son autonomie grandissante et ses besoins d’exploration. S’ils ne sont pas encore bien habilités à exprimer avec des mots leur charge émotionnelle, la capacité de l’enfant à réagir aux émotions s’exprimera essentiellement de manière physique (il peut alors taper, cogner, crier, mordre…).

 

  • 2 – 5 ans

Autour de ses deux ans, l’enfant maitrise ses émotions de façon minimale et les exprime parfois très vivement. C’est une période d’affirmation pour lui et de différenciation (étape du « non ») durant laquelle les comportements d’opposition vont être plus présents. Il va également tester les limites. Cette étape est nécessaire afin de l’aider à définir son indépendance.  L’apprentissage du langage va contribuer à lui apprendre à exprimer ses ressentis par des mots plutôt que des gestes et progressivement de façon plus adaptée. Progressivement, il va avoir accès à la symbolique et la représentation (comprendre davantage ses propres sentiments et les évènements qui provoquent les émotions). Il sera plus en mesure d’accepter que ses besoins ne soient pas satisfaits immédiatement ainsi que les raisons d’un interdit.

  • 6 – 7 ans

L’enfant arrive à exprimer son insatisfaction et sa colère principalement par la parole. Il est capable de tolérer un plus grand délai avant que l’on réponse à ses demandes. Il est progressivement plus conscient de ses forces et de ce qu’il doit améliorer. Il peut être plus compétitif (notamment avec l’entrée à l’école) et il peut lui arriver de réagir avec excès autant aux réussites qu’aux échecs. Il affirme sa personnalité et commence à savoir réguler ses émotions.

 

  • 8 – 10 ans

L’enfant peut commencer à opposer à ses parents ses propres convictions. Il peut progressivement utiliser un vocabulaire plus approprié pour décrire ses émotions. Il arrive à davantage maitriser ses émotions ce qui influence ses capacités à surmonter des défis qu’il peut rencontrer.  L’expression des émotions devient un acte social : le langage du corps (mimiques) devient un véritable moyen d’exprimer à autrui ce que l’on ressent. Il commence à porter des jugements sur les différentes situations de sa vie et développe son sens critique. Il peut réclamer plus d’autonomie et de liberté.

  • 10 – 13 ans et après

Le pré adolescent et l’adolescent gagnent en maturité dans leur développement émotionnel. Ils gagnent peu à peu l’aptitude d’envisager des solutions et stratégies différenciées pour gérer un stress ou tempérer une émotion.

L’enfant ressent donc toute une gamme d’émotion au cours de son développement. L’intensité d’une émotion va dépendre de l’importance de l’expérience qu’il vit, mais aussi de la qualité des relations qu’il a avec la personne qui l’accompagne. Si l’enfant a un attachement sécure avec elle, il pourra probablement exprimer ses émotions plus simplement, il pourra les mettre en pensée et les réguler un peu plus facilement. Pleurer, crier, trembler… sont des remèdes naturels aux inévitables tensions de la vie quotidienne.  Le rythme du développement émotionnel est propre à chacun, en fonction de sa personnalité, ses intérêts, son environnement et sa sensibilité. L’enfant a besoin de l’accompagnement de l’adulte pour ne pas être envahi et débordé par ses affects, pour canaliser son énergie, pour apprendre à exprimer ses besoins de manière socialement acceptable, pour savoir qu’il ne court pas de danger en se laissant aller à ce qu’il ressent. Il est également essentiel de lui donner la permission de libérer ses tensions, de lui offrir un espace pour décharger ses émotions, car il en sortira grandi pour pouvoir faire face aux difficultés de la vie.