Stop, je m’arrête et je réfléchis

Entrer dans les apprentissages de façon efficace demande à l’enfant d’inhiber sa motricité pour être attentif et concentré à ce qui l’entoure, de traiter les différentes perceptions sensorielles et d’élaborer des stratégies de mémorisation efficientes.

Mais à votre avis, que signifie :

  • « Inhiber sa motricité pour être attentif »
  • « Traiter les différentes perceptions sensorielles »
  • « Élaborer des stratégies de mémorisation efficientes. »

Commençons par parler dans cet article de l’inhibition de la motricité.

« Inhiber sa motricité pour être attentif » :

Dès sa naissance, l’enfant est neurologiquement précâblé pour apprendre. Toute expérience sensorielle, motrice, langagière, émotionnelle, favorisera sa maturation neurologique, spécifiera les différentes connexions neuronales, favorisera la maturation du cortex préfrontal, structure neurologique la plus élaborée du cerveau permettant à l’adulte en devenir d’inhiber, de mémoriser, d’élaborer des stratégies…bref de développer les fonctions exécutives indispensables aux apprentissages et à une bonne adaptation à la société.

Vous l’aurez compris, cette maturation neurologique est progressive. Elle commence in-utéro (dès la conception de l’enfant), elle est très importante chez l’enfant avant 6 ans, et elle se prolonge jusqu’au 26 ans de l’individu. C’est dire le temps nécessaire à celui-ci pour qu’il puisse traiter de façon efficiente toutes les informations auxquelles il est confronté.

Tout petit, ce super cerveau appelé « néocortex » est immature et l’enfant est dominé par un cortex beaucoup plus primitif, « le cortex reptilien ». Ce cerveau archaïque est le siège de nos instincts primaires, de nos émotions. Très important à la naissance, il laisse progressivement sa place au néocortex. Cependant, avant 6 ans, il est encore très présent et l’enfant a, de ce fait, des difficultés à inhiber sa motricité pour raisonner ses actions. Il est impulsif et il est guidé en priorité par ses émotions dans un objectif essentiel : sa survie par la défense de son territoire. Ce n’est que progressivement, avec un modèle environnemental adapté et bienveillant, qu’il développera maîtrise de soi, altruisme et empathie.

Il est fréquent que des parents nous disent de leur enfant de 2 ou 3 ans :

  • « Mon enfant est hyperactif »,
  • « Il ne peut pas se poser »,
  • « La relaxation, il ne connait pas, pourtant qu’est-ce que j’aurais besoin qu’il s’arrête de bouger »
  • « La maîtresse dit qu’il ne sait pas tenir assis en classe »

Avant de parler d’inhibition, parlons d’hyperactivité, d’instabilité. Aujourd’hui, ces termes sont connotés d’une dimension pathologique. Or avant 6 ans, il n’en n’est rien. Si l’enfant à la naissance est neurologiquement précablé pour apprendre, il est aussi précablé pour bouger. C’est le mouvement, l’exploration de sa sensori-motricité et de sa psychomotricité qui favorisera la maturation du néocortex. Si l’instabilité est excessive et que l’inquiétude parentale est présente, il est bien de prendre conseil auprès de professionnels mais rien ne sert de coller une étiquette à un enfant pendant des années alors que très souvent, son instabilité est normale et bénéfique à sa maturation neurologique, psychomotrice et affective.

Alors ne vous inquiétez pas de ce que votre enfant bouge, ou bouge trop à votre goût. Cependant, aidez-le à apprendre à se poser, inhiber sa motricité pour le rendre disponible et attentif à ce qui l’entoure. Contrairement à vous, votre enfant n’apprend pas à se détendre et se concentrer en s’allongeant sur un tapis et en fermant les yeux. Il a besoin de bouger, de toucher, de sentir, de parler de ce qu’il observe. Progressivement, à son rythme, il apprendra à souffler, respirer, fermer les yeux pour sentir son corps, ses émotions, imaginer, se créer une représentation mentale de ce qu’il vient de découvrir.

Vous pourrez aussi lui proposer de petits jeux qui l’aident dans la perception de son corps, et le contrôle gestuel.

Pour apprendre à respirer, vous pouvez par exemple vous amuser à souffler sur des plumes pour qu’elles s’envolent, souffler avec une paille dans de l’eau ou faire rouler une petite paille. Apprenez-lui à inspirer par le nez, gonfler le ventre et souffler par la bouche.

Amusez-vous à faire le jeu de la statue : il ferme les yeux, vous le mettez dans une position, les yeux toujours fermés, il vous dit dans quelle position il se trouve, il « efface sa position » et les yeux ouverts, il doit reprendre la même position. C’est encore plus rigolo si vous le faites chacun à votre tour.

Vous pouvez aussi vous amuser à mettre des objets dans un sac, la main plongée dedans, il fait retrouver ce que c’est ! Prenez également des jeux Janod, comme le jeu Nutty Balance par exemple. Votre enfant et vous devez contrôler vos gestes pour mettre le plus de glands sur le dos de l’écureuil, mais aussi Monkey Pyramid, Equilibloc ou Acrobat’. Avec beaucoup de simplicité et de plaisir, vous et votre enfant allez contrôler vos gestes avec beaucoup plus de finesse et de contrôle.

Positionnez devant vous et votre enfant des cartes du Mémo Rigolooo ou des objets de la vie courante ; observez leur place, leur couleur… à tour de rôle, fermez les yeux, changez-les de place, remplacez-les… et en réouvrant les yeux devinez ce qui a changé.

Dans les différents jeux ou actions de la vie quotidienne, pensez à prendre le temps de poser des mots sur ce que vous faites. Progressivement, votre enfant pourra faire de même à son tour. C’est un peu le jeu du stop je m’arrête, je réfléchis !

Stop, je m’arrête     

Je regarde et j’écoute        

Je réfléchis et me questionne  

Je revois dans ma tête et j’imagine  

Je décide et j’agis