Dans leur vie quotidienne, les enfants réalisent des expériences qui font intervenir leurs compétences de motricité fine (mouvements de la main et des doigts, manipulation, préhension, coordination gestuelle…) sous le contrôle de leur vision.

Lorsqu’il est bébé, votre enfant utilise ses mains pour partir à la découverte de son corps. Il se saisit les mains, les pieds, met le pouce à la bouche (succion). Ses mains lui permettent également d’explorer et de découvrir les nouvelles caractéristiques du monde qui l’entoure et de développer ses nouvelles compétences motrices (pousse sur ses mains, se stabilise…).

« Le rôle de la main est capital dans le développement de l’enfant, c’est la base de l’indépendance, c’est l’instrument des connaissances du monde et du corps de l’enfant, c’est un moyen d’expression des émotions » (Thieffry, 1970)

Les expériences sensori-motrices qu’il va répéter vont lui permettre de maitriser de plus en plus ce merveilleux outil qu’est la main et d’affiner ses capacités de motricité fine.

De quoi est composée la motricité fine ?

Plusieurs composantes interviennent lors du développement de la motricité fine parmi lesquelles :

La motricité globale de l’enfant (précision et stabilité du geste, stabilité de la posture et tonus, acquisitions motrices…)

La sensibilité et la sensorialité (les sens nous donnent beaucoup d’informations sur notre environnement nous permettant ainsi de nous ajuster à lui)

Les capacités de proprioception (par la connaissance de son corps et de la position de ses membres dans l’espace, l’enfant affinera au fur et à mesure ses gestes de manipulation et de préhension vers des buts de plus en plus précis)

L’intégration visuomotrice : la vision joue un rôle important dans le développement de la motricité fine. Le bébé a qui l’on propose des objets contrastés, de manière adaptée va vouloir s’en saisir pour l’explorer.

La planification motrice : plus tard, il sera en mesure d’ajuster son geste de manière plus précise et volontaire, en fonction des caractéristiques de l’objet à saisir (son poids, sa taille, sa forme, sa texture/consistance, la distance…).

Quelles sont les étapes que l’on peut observer lors du développement de la motricité fine ?

Des âges sont donnés en tant qu’indicateurs, ils servent à situer dans le temps l’apparition et la succession des différentes étapes qui mènent à la compétence de motricité fine. Il s’agit ici de grands « stades » qui ne figent pas l’enfant dans un âge déterminé : chaque enfant possède son propre rythme de développement.

Pendant la 1ère année de vie

Lors de sa naissance, le nouveau-né présente un réflexe d’agrippement appelé également réflexe de grasping : lorsqu’on entre en contact avec la paume de sa main, ses doigts se referment. Ce réflexe est actif même en dormant ! Les mains sont à cette période très toniques.
Ce réflexe s’atténue dans les 3 premiers mois de vie de l’enfant et offre la possibilité à l’enfant, une fois qu’il a disparu, de pouvoir relâcher un objet dont il s’est saisit (libération et mobilité des doigts).

A la disparition de ce réflexe, une nouvelle forme de préhension apparaît : la préhension au contact. L’enfant attrape un objet de manière involontaire lorsqu’on approche un objet de sa main (il ouvre et referme sa main et peut garder l’objet quelques minutes). Il se montre très intéressé par les objets qui l’entourent mais du fait de son développement psychomoteur encore immature, il ne peut pas s’en saisir tout seul.

La possibilité d’attraper un objet de manière volontaire se fait par la suite, elle est au départ imprécis. Il existe alors une forme de prise que l’on appelle « la préhension palmaire cubitale ». L’enfant se saisit davantage de gros objets qu’il coince entre la paume de sa main et ses doigts : Le pouce est à cette période pratiquement inactif.

Au travers de ses expériences et de son développement tonique et neurologique, votre enfant va pouvoir progressivement se saisir d’un objet, le lâcher si on lui en propose un autre. Il va pouvoir saisir des objets entre son pouce et son petit doigt, avec la totalité de sa main. Le mouvement est encore imprécis. C’est ce qu’on appelle « la pince inférieure ».

La façon de se saisir des objets va s’affiner et se transformer en une prise qui lui permet d’explorer des objets de plus petite taille : c’est la prise radio palmaire. L’index va progressivement se délier des autres doigts.

 

Le bébé qui va commencer à se verticaliser au travers de la position assise va libérer ses mains (qui jouaient un rôle important de stabilité) pour explorer de plus en plus le monde qui l’entoure. Il apparaît alors une nouvelle pince qui ressemblera à la pince mature observée chez l’adulte : la pince « pulpaire » et «tridigitale ». L’enfant maitrisera enfin la pince « pouce index ».

 

Entre 1 an et 2 ans

Petit à petit, le mouvement des mains et des doigts s’affine : votre enfant parvient de plus en plus à isoler les mouvements de ses doigts et notamment la pince « pouce index ».

Il contrôle et peut ajuster de plus en plus la forme qu’il utilise lorsqu’il se saisit d’un objet et il devient plus facile pour lui de les lâcher l’objet et de participer aux tâches de la vie quotidienne avec ses deux mains. Il utilise ses mains lors de ses premiers déplacements (ramper, 4 pattes…).

Entre 2 ans et 3 ans

Votre enfant est de plus en plus capable d’utiliser ses deux mains (de manière différenciée et asymétrique) pour réaliser de nouvelles expériences : cela lui permet par exemple d’enfiler des perles, de ranger des affaires dans un sac (une main tient le sac, l’autre range).
Toutefois, ces activités lui demandent encore beaucoup d’attention : il se montrera peut-être plus intéressé pour les expériences de motricité globale telles que les jeux de parcours, les expériences de son corps dans l’espace, les sauts etc.

Une façon intéressante d’explorer sa motricité fine à cette période peut être d’utiliser sa sensorialité : explorer des textures différentes, des consistances différentes, de poids différent, faire de la peinture avec les mains…

Entre 3 et 6 ans

Avec le développement des muscles de la main, du poignet et la dissociation des doigts qui devient de plus en plus efficiente, votre enfant va gagner de plus en plus en contrôle sur les manipulations et sa dextérité manuelle. Il va ajuster de plus en plus sa prise au travers d’expériences encore plus diverses et variées : enfiler des vêtements, mettre des boutons, découper, prémices du graphisme.

Ainsi, comme nous avons pu le constater dans cet article, la main est l’instrument privilégié de votre enfant dans la découverte de son corps et du monde qui l’entoure.

N’hésitez pas à varier les expériences sensorielles et motrices à la maison, lui proposer des supports de jeux différents afin qu’il puisse renforcer toutes les composantes qui composent sa motricité fine.

A vous de jouer !