Lorsque l’enfant se « Stop, s’arrête et réfléchit », il peut se rendre disponible au traitement des différentes perceptions sensorielles. Pour cela, il est important que les sens ne soient pas affectés par un déficit sensoriel avéré (surdité, cécité…).

La perception sensorielle prend sa source première dans la sensation. La qualité, l’intensité et la durabilité du stimulus perçu permettront à l’enfant de donner un sens à ce vécu. Ces sensations peuvent être affectives (plaisir, déplaisir/douleur) ou représentatives (goût, odorat, toucher, vue).

En fonction de l’histoire du sujet, de sa mémoire corporelle créée depuis qu’il est tout petit, il pourra donner sens et signification aux perceptions sensorielles perçues. La perception se crée au travers des expériences et implique donc la mémoire, les processus cognitifs et l’apprentissage.

Classiquement nous distinguerons 6 sens. Certains sens peuvent présenter des variantes en fonction des courants de pensées et des champs d’études, mais nous resterons simples :

  • L’odorat : c’est un sens très important. In-utéro comme dans les premiers mois de vie, il est mémorisé très rapidement par l’enfant qui peut trouver une réassurance affective lorsque l’odeur se rapporte au milieu familial connu et notamment l’image maternelle ;
  • Le gustatif est lié à l’odorat. Il permet à l’enfant d’identifier les différentes saveurs et d’y associer un élément affectif positif ou négatif.
  • L’audition est une perception qui rend compte de l’activité sonore extérieure et intérieure ; elle permet à l’enfant de se repérer dans l’espace par les vibrations et les résonnances émises. Elle permet aussi d’identifier des bruits et d’y associer un caractère d’urgence par exemple (alarme incendie) ou d’intérêt cognitif (différenciation des chants des oiseaux) …
  • La vue informe sur les contrastes, les couleurs, les formes, la dimension plane, les 3 dimensions, la distance, le premier plan et l’arrière-plan… elle permet à l’enfant de découvrir l’espace et les objets.
  • Le toucher : la peau est l’organe le plus étendu du corps et reçoit de ce fait une multitude d’informations : pression, vibration, mouvement, position, douleurs, température. Il favorise l’exploration des matières, textures… contribuant à la découverte de son environnement par l’enfant.
  • La proprioception ou sensibilité profonde désigne la perception, consciente ou non, de la position des différentes parties du corps. Elle fait appel à de nombreux récepteurs musculaires et ligamentaires. Elle permet à l’enfant de resituer son corps dans l’espace sans contrôle visuel permanent.

 

Dans les apprentissages, l’enfant utilisera de façon privilégiée un ou deux sens plus particulièrement. Certains enfants utiliseront l’audition, d’autres le toucher, d’autres encore leur mémoire proprioceptive… Ces perceptions sensorielles vont lui permettre d’apprendre à décoder leurs émotions et ajuster leurs réponses sociales.

Par exemple, un enfant en colère, avant de pouvoir mettre des mots sur son émotion et dire qu’il est en colère, va devoir se centrer sur la perception qu’il a de son état émotionnel. Comment est son corps ? est-il chaud, froid, lourd, crispé, très tendu, a-t ’il envie de crier, taper …. ?

Progressivement, il mémorisera ses perceptions sensorielles et pour leur donner un sens conscientiser. En grandissant, avec l’aide de son entourage, il pourra associer plus directement ce qu’il ressent, à l’émotion, faire du lien avec le contexte d’apparition de ce vécu émotionnel, et mettre en place des stratégies de réponses socialement acceptables.

Dans les apprentissages, l’enfant pourra s’appuyer sur cette mémoire perceptive pour faire du lien entre les formes sphériques, triangulaires, coniques… leur couleur, leur poids… afin de les nommer, de se représenter leur volume et d’être amené à réaliser des calculs savants de volumétrie par exemple.

Donc dès tout petit, amenez votre enfant à expérimenter ses perceptions sensorielles, toucher, sentir en aveugle par exemple, associer formes et couleurs, peser, soupeser, faire des jeux d’équilibre les yeux fermés… parlez sur ces perceptions, aidez-le à trouver des stratégies pour réussir les objectifs fixés. Par exemple, dans un jeu de mémoire, nous allons pouvoir parler de ce que nous voyons, ou des différents éléments qui ont été vus, fermer les yeux pour se redessiner le plateau de jeux dans la tête et donner des indices verbaux facilitant la mémorisation (en haut à gauche, deux oiseaux rouges retournés à des endroits opposés du plateau…).