La mémoire est un processus cognitif en perpétuelle évolution tout au long de la vie, qui doit être stimulé et renforcé pour atteindre ses pleines capacités et se spécialiser dans certains domaines. Dès la vie intra-utérine, la mémoire de votre enfant se façonne ; il enregistre des informations sensorielles provenant de son environnement : il réagit aux bruits internes et externes, à la voix de ses parents, aux saveurs et odeurs habituelles, aux caresses, aux bercements…
Quels sont les quatre types de mémoire ?
Il existe 4 types de mémoire à long terme différents :
- La mémoire perceptive,
- La mémoire procédurale,
- La mémoire sémantique,
- La mémoire épisodique.
Les premières expériences vécues par votre enfant permettent de mettre en évidence l’importance de la répétition pour aider à la mémorisation à long terme. En effet, tout comme un sportif se rendant à son entraînement, ou un musicien à son cours, proposer régulièrement des jeux de mémoire à votre jeune enfant lui permettra de stimuler et développer ses compétences mnésiques.
Toutes nos expériences, qu’elles soient sensorielles, motrices ou relationnelles, sont vécues en mémoire de travail, ce que l’on appelle couramment la mémoire immédiate. Mais toutes les informations associées ne doivent pas être stockées en mémoire à long terme, imaginez sinon le trop-plein d’informations inutiles auquel nous serions confrontés ! Seules les informations pertinentes doivent être sélectionnées, encodées, puis stockées en mémoire à long terme pour être ensuite récupérées. Ces 4 étapes constituent le processus de mémorisation.
Une fois que les informations ont été sélectionnées puis encodées, ces dernières vont être analysées et stockées selon leur nature dans 4 types de mémoire à long terme différents.
Pour mieux comprendre, schématisons la zone de mémoire du cerveau comme une commode avec 2 grands tiroirs : dans chacun de ces tiroirs se trouvent 2 petites boites. Mettons maintenant des étiquettes sur ces différents rangements :
La mémoire implicite : elle concerne les souvenirs inconscients, les automatismes.
- Petite boite n°1, la mémoire perceptive : elle s’appuie sur les différents sens, les informations sensorielles perçues (par exemple, sentir un parfum nous rappelant un souvenir de notre enfance ou le visage de quelqu’un).
- Petite boite n°2, la mémoire procédurale, autrement appelée la mémoire motrice. Elle correspond aux automatismes, comme conduire, faire du vélo, ou marcher.
La mémoire explicite : elle concerne les souvenirs conscients.
- Petite boite n°1, la mémoire sémantique : elle est en lien avec les apprentissages, les connaissances. Elle met du sens sur la vie, d’un point de vue purement cognitif. Par exemple, le soleil est jaune, l’herbe est verte.
- Petite boite n°2, la mémoire épisodique. C’est la mémoire des souvenirs, étroitement liée aux émotions, aux sentiments, aux histoires de vie. Elle permet de se rappeler le passé, et également de se projeter dans le futur.
Ces différentes mémoires communiquent entre elles, et stocker une information selon plusieurs modalités et dans plusieurs mémoires simultanément permet de plus facilement la mémoriser.
Comment faire travailler la mémoire d’un enfant ?
Si vous souhaitez faire travailler la mémoire de votre enfant, il est tout à fait possible de commencer dès le plus jeune âge, à condition d’adapter le jeu à ses capacités attentionnelles et cognitives du moment.
Il est alors important de choisir un jeu stimulant et plaisant, pour activer différentes formes de mémoire :
- Mémoire perceptive : grâce à de jolies couleurs contrastées, des petits animaux rigolos, des sons, des variations de textures, de formes, de tailles…
- Mémoire sémantique : en mettant des mots sur l’expérience que vous partagez, en lui expliquant les consignes, en nommant les animaux ou les actions.
- Mémoire épisodique : car partager un temps agréable et privilégié avec son parent ou son éducateur aide à créer de joyeux souvenirs et à mieux encoder l’expérience vécue.
Dès 18 mois à 2 ans, on peut solliciter les premières formes de mémoire perceptive et de mémoire de travail à travers des jeux très simples de type « cache-cache d’objets » ou des jeux d’imitation : cacher un objet sous un gobelet, reproduire une séquence gestuelle ou sonore, etc. À cet âge, l’enfant commence à retenir des informations à court terme, surtout si elles sont visuelles, motrices ou sonores.

Quel âge pour jouer au jeu de mémo ?
À partir de 2 ans et demi à 3 ans, on peut introduire des variantes très simples de jeux de type « mémo ». Il ne s’agit pas encore de jouer avec toutes les cartes comme dans les règles classiques, mais d’utiliser des paires limitées et de simplifier la tâche. L’objectif est d’amorcer l’idée de reconnaissance visuelle, d’association et de mémoire spatiale.
Prenons l’exemple du jeu du Mémo Rigolooo, un jeu de mémoire très coloré représentant des animaux amusants. On connaît tous le principe de base, mais il est possible de l’utiliser même avec des enfants très jeunes en détournant les consignes. Dès 2 ans et demi à 3 ans, vous pouvez par exemple :
- Proposer à votre enfant de choisir 3 paires d’animaux (donc 6 cartes),
- Placer les 3 animaux face visible sur la table,
- Lui demander de mémoriser leur position, puis de les retourner,
- Ensuite, lui donner les cartes jumelles (les 3 autres animaux) pour qu’il les place au bon endroit.
À la fin, vous vérifiez ensemble. Si cela a bien fonctionné et lui a plu, vous pouvez ajouter une paire.
Dès 3 ans, vous pouvez jouer aux vraies règles du jeu de mémo en version simplifiée (3 à 4 paires au départ), en respectant bien le rythme de l’enfant et en favorisant le plaisir du jeu plus que la performance.
Comment aider mon enfant à améliorer ses compétences en jeu de mémoire ?
Si votre enfant est en difficulté, vous pouvez l’aider en réduisant le nombre de paires proposées, et l’inviter à verbaliser autant de fois que nécessaire l’emplacement des cartes les unes par rapport aux autres, ou les détails signifiants sur chaque carte. Vous pouvez également ajouter du sensoriel en lui demandant de faire le bruit de l’animal par exemple, ou en ne sélectionnant que des cartes aux couleurs très différentes les unes des autres pour que cela soit plus facile pour lui. L’important est de l’aider à trouver une stratégie qui fonctionne pour lui, et de lui permettre de la répéter pour que cela s’enregistre et devienne automatique.
La manière dont vous accompagnez votre enfant durant ce temps de jeu sera primordiale pour aider réellement à la mémorisation. S’il sent que vous y prenez vous-mêmes du plaisir, que vous verbalisez avec lui l’emplacement des cartes, ses stratégies, que vous l’encouragez, le félicitez, cette expérience sera plus facilement stockée dans sa commode de la mémoire, dans les différents tiroirs et boites correspondants, et lui permettra ainsi d’enrichir ses connaissances.
N’hésitez pas à réutiliser souvent le même jeu, à répéter, car en prenant en compte toutes ces sphères cognitives, affectives, sensorielles… chaque nouvelle expérience viendra renforcer le stockage en mémoire, tout en créant des souvenirs uniques.